This is Halloween♪. [Libre et collectif, venez tous!]

Feat : ♥Tout le monde ♥

 

As de coeur. D'un air semi égrillard et semi goguenard, Emanuelle rafla la mise, sans oublier de sourire d'un air victorieux. Comme si c'était un pur hasard.  Comme si elle n'avait pas établi des probabilité pour chaque carte tombée. Bien qu'elle n'avait eu vent du jeu que quelques instants avant de commencer, elle l'avait déjà maîtrisé, les premières minutes étant suffisante pour établir une loi de probabilité très satisfaisante qui s'était parfaite au cours du jeu. Et le gain qu'elle recevait était comme un salaire, du et mérité.
Son sourire se fana en voyant la nature de sa récompense: un tas de pièces, certes, mais toute en chocolat, avec quelques bonbons. Et c'était pas bon, non, non. C'était pas quelques sucreries qui allaient payer le loyer ou remplumer sa bourse, mise à mal par son absence continuelle. Mais bon, au moins c'était de la nourriture gratuite, essaya t-elle de penser, en "positivant" au maximum les choses. Elle eut un soupir agacé et les fourra dans ses poches, déjà remplies de milles et une nourritures, grappillées près du buffet. Et avec un soupir excédé, elle quitta la table de jeu, évitant au passage une gamine surexcitée munie d'une pomme d'amour (objet dangereux s'il en est) pour se diriger vers le bar.
Parce que oui, malgré les conséquences néfastes de l'alcool (et surtout sur elle), elle avait envie de partir en vrille, juste pour un soir, après tout le dia del muerte, ça se fêtait, non. Pour elle, ça resterait toujours Halloween, de par ses origines. Et puis, d'autre part, Halloween commençait à être fêté un peu partout dans le monde, tout le monde suivant comme un toutou l'American Way of Life ... C'était sans doute la jeune génération qui avait insisté pour que le maire organise quelque chose. D'ailleurs, elle ne voyait que ça. Des jeunes, généralement des adolescents, parfois accompagnés d'un chaperon pour éviter les trop grosses "bêtises". Tous déguisés ou grimés. Elle même ne s'était pas vraiment costumée. On l'avait fait pour elle ... Des étudiantes avec qui elle avait un peu sympathisé avaient voulu l'emmener faire le tour des boîtes mais Ema avait entendu parler du tournoi de cartes et elle avait tenu à venir, avec la promesse de les retrouver vers minuit, pour commencer. Et du coup, elle s'étaient amusées comme des gamines. Et viens-là que je te mette des bandelettes, et par ici la robe déchirée, un peu (beaucoup) défraîchie ... Elle s'étaient même armées de patience et avaient démêlé ses cheveux, faisant un léger brushing par la même occasion. Après avoir essayé des xilliards de coiffures, elles s'étaient décidés (enfin, pas ema, elle, elle se laissait juste faire en attendant la fin de la torture) à des couettes en laissant une certaine masse de cheveux en dehors ... Enfin, comme ça avait déjà duré trop longtemps, notre miss momie (oui, oui) refusa le maquillage. Enfin, déjà, elle avait l'air différente, féminine.

Une fois arrivée au bar , elle releva une bandelette qui cachait son oeil droit pour voir les autres bandelettes qu'elle avait fait tomber au passage, vu comment le costume était super pratique (ironie, mon petit, ironie). Elle montra rapidement sa carte d'identité au barman, afin d'éviter le jus de fruit et surtout parce que c'était devenu un réflexe, les gens la croyant souvent plus jeune. Emanuelle commanda donc d'une voix  bourrue (surtout par ce qu'elle était encore énervée d'avoir gagné des chocolats) quelque chose de fort. Le barman lui précisa qu'il y avait du punch au buffet, mais elle ignora le conseil (pourtant judicieux) de celui-ci. Et puisqu'il refusait de lui servir un truc qui lui aurait fait des nœuds dans les tripes, elle se contenta d'un cocktail en maugréant. Mais bon, vu que le truc était super bon, elle lui en pardonna et en reprit un autre. En plus elle trouvait ça joli, on aurait dit un soleil couchant contenu dans un verre. Elle était en train de siroter tranquillement quand elle fit malencontreusement tomber sa carte d'identité qu'elle avait oubliée de ranger. Elle maugréa encore dans sa barbe des insultes de son cru, dirigées contre elle-même ou le monde.
Ça commençait ... Elle était légèrement pompette, stage 1 selon ses amis. Et normalement, elle devait s'arrêter là.  Surtout si elle devait continuer toute la soirée. A partir du stage 2, ça devenait légèrement différent. Un peu plus hardcore, surtout. Stage 3 ... Vaut mieux pas en parler.

-Je sens que cette fête va vite m'énerver plus qu'autre chose, en plus il y a trop de garçons ! Aller en enfer ! Bande de sans cervelles !

Elle n'avait pas compris la totalité mais une majorité quand même. Et ouais, elle avait progressé en langue.Surtout en espagnol (sans blague), même si elle avait encore quelques difficultés à le parler. Et qu'elle avait encore beaucoup de mal à comprendre les cours, trop de termes difficiles. Même que ça l'avait rendue chou pour les autres étudiantes, étrangement et qu'elle avait gagné de la compagnie du sexe féminin, à sa grande surprise. Par contre, les insultes, elle connaissait, elle y avait souvent eu droit. Aussi pendant un moment (très rapide, certes), elle cru qu'on l'insultait  à nouveau. Puis le temps que son cerveau, pas tout à fait sobre analyse qu'elle n'était pas menacé, elle eut le temps d'associer les paroles à des bottines blanches. Ben elles allaient pas le rester longtemps avec ce que certains renversaient au sol.
Ses yeux remontèrent sur un drap, plutôt long, grossièrement découpé pour qu'on voit la trogne de la jeune fille. Mignonne. Son déguisement aussi était mignon. Sans trop bien savoir pourquoi, Emanuelle se releva d'un seul coup et retourna à sa place, les joues surement un peu plus roses que sa brusque levée ne l'aurait permis. Elle pris une inspiration pour rassembler un peu de courage et elle en reçut un peu trop, inspirée par l'alcool.

-Oh tu sais, les gars, c'est pas tous des cons. Enfin beaucoup mais euh ... c'est que ... pas tous quoi.

Bon, certes, elle avait de l'expérience puisqu'elle traînait généralement avec des gars mais qu'est-ce qui lui avait pris de commencer la conversation comme ça ? En plus le bafouillage après, c'était de très mauvais genre. La fantôme la prendrait surement pour quelqu'un de bizarre. Tous ses amis lui avaient conseillés de complimenter en premier, ou d'aborder la conversation en agréant avec la personne. D'un geste très peu féminin, elle termina son verre cul-sec. Parce qu'elle était gênée, parce qu'elle savait pas trop comment faire, après tout, elle était novice dans tout ça. Surtout elle avait peur, peur de se prendre un râteau, même si ce serait surement le cas.  Tiens ce qu'elle aurait du dire lui vient à l'esprit. Presque inconsciemment (et beaucoup aidée par l'alcool), elle le dit naturellement, comme ça, à haute voix.

-En tout cas, tant que nous sommes toute les deux, cette fête sera géniale, peu importe le nombre de garçons. Ta présence est comme une étoile au dessus de la mer des gens.

Puis elle se rendit compte de ce qu'elle avait dit et fut sans doute aussi surprise que le petit fantôme. Si elle était un peu rose auparavant, ce n'était rien en comparaison de son visage cramoisi à l'instant. Elle baissa la tête pour ne pas que cela se voit. Elle bégaya un peu, ne sachant comment s'excuser, puisqu'elle était sure que l'autre l'avait mal pris. Finalement elle lui tendit les pièces en chocolat qu'elle avait gagné précédemment.

-J,Jjj,Joyeux Halloween.

Et elle s'enfuit de peur de se ridiculiser encore plus. Ça ne lui ressemblait vraiment pas d'être embarrassée. Et puis, elle ne savait pas comment il fallait parler aux filles en général ... Heureusement que la foule était nombreuse. Arrivée au buffet, encore rouge de honte, elle se rendit compte qu'elle avait oublié de payer les cocktails. Et elle espéra surtout que son fantôme croirait à une mauvaise blague d'Halloween. Elle remarqua une adolescente en tenue microscopique qui semblait juger tout le monde et la contourna, le plus loin possible, pour atteindre le punch (par derrière, ouais, ouais). Autant qu'elle boive pour oublier, ainsi, demain elle ne se souviendrait de rien. Et avec un peu chance, la fête serait finie avant qu'elle n'arrive au stade 2. Fébrile, elle renversa quelques gobelets orphelins, abandonnés près du punch. Elle soupira. Vivement qu'il soit minuit pour qu'elle rejoigne les autres.