The creepy bad apple named Tsuzune. || Libre

Son air laissait paraitre son état blasé sans aucun problème. Marchant dans les rues, au gré de l’itinéraire qu’avaient bien voulu suivre aléatoirement ses pieds, Tsuzune errait comme un fantôme, à la recherche d’une activité quelconque à faire. Ou plutôt, elle avait bien dans la main droite une bombe de peinture, mais cette dernière était vide présentement, puisque la miss venait de s’éclater à taguer un mur repeint de blanc récemment. Et voilà, retour à la case départ.

Jetant tout de même l’objet de son forfait dans une poubelle, l’hispano-japonaise sortie de sa poche arrière de jean un paquet de cigarette, en sorti une, lacement, et avec la même énergie transcendante, la porta jusqu’à ses lèvres avant de l’allumer et d’en tirer une latte. Son serpent, toujours autour de son coup, comme d’habitude, gesticulait quelque peu, incommodé sans doute par l’odeur de cette chose que les humains consommaient tantôt pour se déstresser tantôt juste par plaisir de se détruire la santé. Ayant tout de même un minima de respect pour son animal de compagnie, la Nandekara prit garde de rejeter la fumée vers le haut, afin que le vent nettoie les lieux de ces trainées infâmes.

Dans son casque résonne la chanson « LolitaWork Libretto » de l’artiste nippone Kanon Wakeshima. Elle devient un peu nostalgique en observant le ciel noir et sans étoiles. Son petit frère lui manque, ainsi que son père et Kirara. Elle voudrait les revoir dans la seconde si c’était possible. Mais elle n’est pas sotte et sait malgré tout qu’il lui faudra attendre d’avoir la majorité absolue, soit dix-huit ans avant de pouvoir être tout à fait libre, quand bien même elle se trouve déjà émancipée de sa mère. Enfin, si on peut appeler une personne comme ceci de cette façon, ce qui n’est pas sur le moins du monde.

Outch. Son cœur lui fait mal, soudainement. Et merde, elle aurait dû s’en douter. Être nostalgique, justement, c’est mauvais pour elle. Sous la douleur, elle en a lâché sa cigarette qui venait de percuter le sol poussiéreux, se consumant pour rien. Sa dextre droite agrippant violemment son T-shirt à l’endroit où le mal compresse, la bâtarde se dépêche de fouiller dans sa veste pour en sortir une seringue qu’elle ne tarde pas à s’enfoncer juste en dessous du sein gauche, pour traiter son mal. C’est douloureux, mais c’est comme tout et un jour, elle est persuadée qu’elle finira par s’y habituer. Ou pas.

Elle a besoin de repos avant de repartir. Mine de rien, ce genre de chose est épuisante à vivre, surtout lorsque l’on est directement concerné. Ainsi, prenant appui contre le mur derrière elle, elle y laisse choir son dos et se laisse glisser jusqu’au sol, faisant voleter un léger nuage de poussière tandis qu’elle reprend péniblement sa respiration. Son front, couvert d’une fine pellicule de sueur, parait chaud et froid à la fois.

C’est chiant, d’être malade. Vraiment. Comme si elle avait besoin de ça, surtout en ce moment.

Génial. Sur toutes les âmes qui pouvaient errer ici-bas en cette fraîche soirée, il avait fallu que Tsuzune tombe sur la plus débile d’entre elle. Franchement, il en avait de bonne, lui, avec ses phrases idiotes ! Rentrer chez elle ? Et puis quoi encore ? La douleur commençait à s’estomper doucement, ce n’était pas la peine de prendre tout de suite le chemin du retour. Elle ne le voulait pas, en plus. C’était trop lui demander. Si jamais sa mère était de retour, elle savait d’avance que ça finirait en engueulade et que les risques que survienne une seconde crise seraient donc décuplés. Et elle ne tenait pas spécialement à se réinjecter du produit une seconde fois dans la même soirée. De un parce que c’était tout de même loin d’être agréable ce genre de pratique et puis en plus, une overdose de son médicament pourrait avoir l’effet inverse que celui escompté.

N’ayant pas spécialement envie de prendre des risques inconsidérés, la Nandekara essaie de concentrer son attention sur autre chose. En l’occurrence, c’est l’imbécile du village qui allait lui servir de défouloir. Et consentant ou pas, c’était la même chose, elle n’avait guère envie d’être aimable, ce soir. Ah moins que l’on ne fut-ce déjà le matin ? Elle n’en savait rien et n’était nullement intéressée par ce genre de détail.

Il avait fait un commentaire sur son serpent… Non mais, il voulait mourir ou bien ? Non parce que Mambo était encore l’âme la plus attentive à son cas, donc s’il avait peur de ce sympathique reptile, aucune chance qu’il puisse un jour avoir la considération de Tsuzune.

Elle se releva non sans grande difficulté et tituba. Adossée contre le mur, d’épaisses gouttes de sueurs lui perlant du front, elle ouvrait et fermait la bouche, tel un poisson rouge sorti de l’eau. Le fait est qu’elle aurait bien voulu former une phrase complète sans s’interrompre pour reprendre son souffle mais c’était très difficile, bien plus que l’on ne pourrait se l’imaginer, d’ailleurs.

Ses jambes n’arrivaient plus à la porter et elle retomba sur le coxis, encore une fois, dégageant un nouveau nuage de poussière qui se dissipa bien vite malgré tout.

« Dégage. J’pas be….besoin d’aide.. » Articula difficilement l’hispano-asiatique, bien trop fière pour avouer sa faiblesse cardiaque.