Il est pas frais mon poisson ? [Emanuelle !]

Il est vrai qu’étrangement, son poisson avait l’air très frais, mais tout de même. Cette vieille dame n’avait donc aucune pitié pour les oreilles des passants venu faire un joyeux petit tour un marché. Comme d’habitude, en ce mercredi matin, tu ne pouvais pas t’empêcher de te faire remarquer tout d'abord, tu avais fait tomber et stand, qui, pour malheur, était dirigé par un vilain trop beau Il te chassait, mais, attirer, tu ne pouvais pas t’empêcher de jouer avec lui. Malheureusement, cache-cache n’était pas son jeu préféré ce qui le mis en rogne. Il fallut, pour te faire partir, qu’il te menace d’appeler la police qui t’embarquerait et te jetterai en prison. Rien que de penser d’être dans une cellule sale, avec un colocataire de motivait à faire plus de bêtises ! Tu avais toujours aimé les situations un peu bizarres, non, vraiment. Mais bien sûr, cet homme était bien trop méchant pour te jeter en prison, tu préférais y aller dans d’autre circonstances, la vue d’un sourire de méchants hommes t’horripilait.

Ainsi donc, tu partis toute joyeuse faire d’autres dégâts imprévus. Tu avais plein d'autres trucs cool à faire, plutôt que d’aller acheter du poisson cette poissonnière qui répétait sans cesse « Il est frais mon poisson, il est frais ! » ou encore « Il n'est pas frais mon poisson ? ». C’était une habitude désormais. Depuis quelques années tu avais pris l’habitude, de, tous les mercredis matin, te rendre à son stand pour acheter beaucoup de poissons.
Sauf que, cet animal marin compose l’une des choses que tu détestes vraiment, et le fait de penser à le mettre dans ta bouche suffit à te terrifier.

En temps normal, les mercredis soir tu vas toujours manger chez papa maman ce qui te permet de leur donner tout le poisson que tu as acheté qu’ils prépareront pour un autre jour, mais hier, papa t’avait appelé te prévenant qu’ils allaient quelque part et qu’ils ne pourront donc pas te recevoir. Ça t’avait mis en rogne parce que tu voulais vraiment aller chez eux manger pour pouvoir espionner Adamo qui est leurs voisins, vu qu’il a emménagé avec une fille, mais aussi car tu pourrais jouer avec la petite fille de l’appartement d’en face, dans la neige.

Bref, tu pouvais pas y aller, il negait, tu t’ennuyais et en plus, en plus, il faisait très froid. Pour le poisson, tu avais décidé de le donner à quelqu’un qui passait par là, il sera peut-être content. Et l’heureux élu était une fille !

« Coucou ! Heu, je suis une fille, Jade, qui aime pas trop le poisson, tu vois. C’est simplement par mon truc mais je suis obligé d’en acheter, pour la femme qui la vend. Elle a l’air tellement ml heureuse. Alors que moi j’ai des vêtements bien chauds, elle, elle a des trucs tous fins, ça me fait de la peine. Donc, voila. C'est le poisson que j’ai acheté et je te le donne parce que, tu le vaux bien. Enfin, je pense. »

‘‘ Un poisson ? ’’

Étrangement, elle s'était réveillée avec le besoin de bouger, d'aller quelque part. Pas vraiment de rouler, mais bon, elle le faisait tout les jours en même temps. Pressée comme jamais, elle sortit en trombe dans la rue, sans savoir bien quoi faire. Aller à l’université ? Elle n'en avait pas vraiment envie aujourd'hui. Par un beau mercredi bien neigeux, et bien froid, elle sentait qu'elle pouvait bouger les montagnes et voler dans le ciel gris. Toute guillerette, elle parcourut les rues, en bousculant pas mal de gens. Pourtant elle allait plutôt lentement à son goût. Les hommes et femmes ne s'écartaient pas pour la laisser passer, ce qui ne lui laissait pas grand choix. Tous portaient des manteaux, des laines chaudes, ce qui faisait sourire la jeune flammèche, insensible au froid. Enfin, bon, elle avait passé une écharpe et un blouson léger, seule concessions à l'hiver. Ses pas la guidaient, un peu au hasard. En flânant, elle finit par trouver le marché.

D'un sourire, elle apprécia l'humeur frénétique des chalands et la foule riante qui s'engouffrait entre les étals. Cette ambiance chaleureuse n'avait pas vraiment été au rendez-vous dans la rue ... Mais en ce moment, les cris des divers vendeurs lui semblait une mélodie. Elle les suivit. Heureusement pour elle qu'elle était menue et agile, ce qui lui permettait sans trop de mal à nager dans cette cette mer de personnes, tel un poisson orangé. Elle roulait doucement, compressée par la foule, ce qui lui permettait de regarder attentivement les marchandises exposées. La plupart étaient des denrées alimentaires, ce qui fit grogner son ventre, lui rappelant qu'elle n'avait pas pris de petit-déjeuner. Ses yeux furent attirés par des clémentines à l'ovale parfait qui, comme dans Alice portait un panneau "mangez-moi". Imaginaire le panneau. Parce que le marchand ne semblait pas près à partager, vu le regard soupçonneux qu'il posait sur elle. Ça devait être en partie du au fait de ses jambes nues, malgré les flocons récalcitrants. Il devait peut-être savoir que son budget était trop serré pour pouvoir acheter. Elle fit mine de s'éloigner et profita pendant qu'il était occupé avec un client pour chaparder deux, trois agrumes orangés. Heureusement, il ne remarqua rien, tout occupé à essayer de vendre d'autres fruits au client.

Elle se mit donc en quête d'un endroit où manger tranquillement ses trésors. Contrairement à ce qu'on aurait pu penser, la foule n'était pas dérangée par les température hivernales. Ils étaient tous assis un peu n'importe où, avec des tasses fumantes de quelque breuvage inconnu. Il y avait même un couple qui se faisaient manger mutuellement des fruits. En les voyant, Emanuelle eut encore une bonne idée. Enfin, je ne sais pas si on peut la qualifier de bonne ni même d'idée. C'est donc avec toute la vitesse dont elle était capable au milieu de cette foule compacte qu'elle fonça sur ceux-ci. Enfin, roula doucement vers eux, puisque les gens la contraignaient. D'un geste habile, elle poussa la demoiselle qui tomba sur son compagnon, lui laissant la place libre. Elle s'assit avant qu'ils ne reprennent leurs esprits. Et la demoiselle vient devant pour lui dire des choses comme quoi elle était cinglé, bref pas mal d'insultes en espagnol auxquelles Ema ne répondait pas, occupée à manger et aussi parce qu'elle n'en comprenait pas la moitié. Soudain des cris plus lointains et pas habituels la dérangèrent dans son repas. Malgré la forte envie de voir ce qui c'était passé, elle résista. Parce qu'elle ne pourrait plus se rassoir ici et qu'elle aimait bien l'endroit. La demoiselle avait abandonné et était partie avec son compagnon. Après avoir fini toutes ses clémentines, elle se leva et s'étira, contente du début de journée. Elle se dirigea vers la source du bruit présumé puisqu'il s'était arrêté. Elle n'aperçut qu'un chaland remettant en place son stand. Ennuyée par avance, elle contourna un stand de poisson et s'enfonça dans la foule, sans savoir où aller, encore.

Jusqu'à ce qu'on l'aborde. C'était une fille qui semblait un peu plus jeune qu'elle. Elle était fait du même bois qu'elle, toute menue. Seulement Ema semblait plus grande grâce à ses rollers. Et puis elle lui sortit une longue tirade en espagnol. Qu'évidemment elle ne comprenait pas. Elle crut entendre poisson, malheureuse, la femme. Elle sourit, incertaine. La jeune fille donnait des poissons aux femmes malheureuses ? C'est qu'elle croyait comprendre. Elle essaya de trouver comment répondre. Et puis ça ne lui ferait rien d'accepter, de la nourriture gratuite étant toujours nécessaire . Mais bon, comment lui expliquer qu'elle n'était pas malheureuse du tout. Est-ce qu'elle reprendrait le poisson si elle le lui disait ? Bon.

"Merci" dit-elle avec un grand sourire et un accent horrible. Au moins, elle pouvait dire ça.

Et si elle la remerciait par autre chose, tiens. Parce que ce poisson allait sérieusement l'aider à finir le mois. Dans son espagnol approximatif, elle s'efforça de l'inviter à boire. Après tout, ça ne ferait pas un si grand trou dans le budget.

"Boire café, chocolat ? "

Elle pensait que la demoiselle voudrait quelque chose de chaud, sans doute pas alcoolisé puisqu'elle devait être mineure.

La fille à qui tu avais proposé du poisson avait un accent assez étrange et parlait assez mal, a ton avis, elle n’était pas espagnole, ça te fit sourire. D’un côté, tu n’étais pas non plus espagnole, mais toi, tu y avais grandi, tu savais donc y parler parfaitement, enfin, pour une fille du pays. En français, tu ne savais prononcer que quelques mots que tu enchainais les uns après les autres, espérant qu’ils fassent une phrase, ce qui ne fut jamais le cas, tes paroles étaient toujours incompréhensibles. Au contraire, en anglais, tu gérais ! Tu avais la chance d’ingurgiter les informations très vite, des comprendraient et de les retenir, ce qui t’était bénéfique dans l’apprentissage des langues. Malheureusement, ton “don“ ne te servait pas beaucoup, car, autant l’avouer, tu ne t’intéresses pas aux autres pays. Tu hochas la tête difficilement, par peur de ne pas comprendre la future conversation que vous allez entretenir, toi et l’inconnue. Ainsi donc, tu décidas de lui parler en Anglais, peut-être qu’elle comprendrait...

« Tu t’appelles comment ? Moi c’est jade et je connais plein d’endroits super où on pourrait parler et manger et boire, si tu veux. J’ai même de l’argent sur moi, aussi. »

À peine avais-tu terminé ta phrase que tu l’avais pris par la main et que tu parcourais les rues en sa compagnie. Tu bousculais les gens, leur tirait la langue, tu t’en fichais, tu avais une nouvelle amie et ça, c’était mieux que tout. L’endroit où tu voulais te rendre en tête, tu continuais à bousculer à t’en ficher, à rire, à avancer, tu continuais simplement, avant de te rendre compte que tu étais dans une rue déserte inconnue. Tu étais perdue. Tu t’arrêtas brusquement, terrifier à l’idée de mourir dans une ruelle sombre.

A son invitation, elle lui avait répondu par un charmant sourire. Mignon comme tout. Ca lui faisait faire de ses lèvres un sourire banané à elle aussi. Et elle se mit à lui parler en anglais. Ca lui fit perdre celui-ci. Oho. L'anglais ou l'angliiiish selon sa dernière parodie n'étaient pas des matières simples. Ne l'avaient jamais été d'ailleurs pour cette fondue des équations, fonctions et autres. Même si elle était sensée comprendre mieux la langue saxonne qu'elle étudiait depuis bien plus longtemps, ça restait tout de même difficile.
Tant bien que mal, Emanuelle comprit qu'elle s'appelait Jade -nom qu'elle trouva aussi mignon que que celle qui le portait- et qu'elle acceptait son invitation. Et qu'elle lui proposait de payer. Magnifique. Son sourire illuminé reparut. Et la prenant de cours, elle saisit sa main et se mit à courir, ne prêtant attention à rien.
Pour Ema, c'était très difficile de part ses rollers. En plus la fille au nom de pierre précieuse ne se gênait pas pour bousculer des gens, qui trébuchaient sur elle. En plus, le poisson qu'Ema transportait la dérangeait. Elle faillit tomber un nombre incalculable de fois. D'un côté, elle avait envie de demander à la jeune fille de s'arrêter, mais de l'autre, en voyant son amusement et son air épanoui, elle voulait lui crier d'aller plus vite. Mettant fin à ce dilemme incongru, Jade s'arrêta brusquement. Miss Roller manqua d'un cheveu de lui rentrer dedans.
Elle regarda si elles étaient arrivées. Mais il n'y avait aucun restaurant ni café. La rue semblait déserte, recouverte d'une neige gris sale que les habitants de ce quartier résidentiel -puisque c'en était un- n'avaient même pas pris la peine de déblayer. Elle chercha ce qui valait cet arrêt soudain et surtout la peur dans les yeux verts qui rappelaient le prénom de leur propriétaire. Pourtant la rue était vide et n'avait rien de particulier, si ce n'était qu'elle était un peu plus sombre que la normale. Mais l'autre jeune fille avait peur. Elle lui prit son autre main, pour l réconforter d'elle ne savait quoi. En essayant de ne pas faire tomber le poisson.

"What is the problem ?"

Malgré sa voix hésitante et son accent toujours aussi affreux, elle avait réussi à sortir cette phrase des méandres de sa mémoire. Et presque sans hésiter en plus. Par peur de voir des larmes, elle essaya de la rassurer avec des mots, des petits trucs qui lui revenaient en mémoire.

"It is Ok. Ok ? No problem"

Elle se demandait bien ce qui avait pu conduire cette demoiselle si joyeuse à tout arrêter, même son sourire. Un souvenir revenu ? Un coup de blues ? Elle chassa de suite l'idée qu'elle les avaient perdues. Pas possible, elle semblait être sûre d'elle sur la direction.