Chanter seule au bord de l'eau..

Le soleil remontait sa couette sombre sur son ventre rond quand Lula se décida enfin à s'arrêter au bord de la rivière. Voilà une semaine qu'elle était à Rioler et cette ville commençait déjà à perdre tout intérêt pour elle. N'allant plus en cours, ne connaissant personne ici, elle n'avait pas croisée âme qui vive autre que sa mère. En débarquant à Rioler, Lula espérait réellement devenir une autre fille. Mais la réalité l'avait bien vite rattrapée, et elle était là au bord de l'eau avec elle même, et cette "elle" était pour le coup toujours la même.

A cet endroit de la rivière, Lula aurait pu se noyer. Ce fut sa première pensée.
A ses pieds, la surface vaseuse avait séché sous le neuf soleil de printemps.. Le regard perdu dans les dessins fragiles qui s'étaient formé dans la terre au cours de la journée, bercée par la voix goudronnée de Saez, Lula se laissa aller à croire qu'elle était bien seule.

- Est-ce que tu vois le printemps.. celui qui fait couler les ruisseaux entre les doigts des torrents.. Oui c'est sûr qu'ils sont ivres nos bateaux..

Tu restas songeuse encore un moment, avant de plier en quatre la lettre adresser pour ton ancienne meilleure amie et la mettre dans l’enveloppe. Tes parents avaient tellement d’enveloppe, de toutes les couleurs, de toutes les formes, en tous les formats … Comme s’ils en faisaient la collection. Déjà que tu trouvais étranges les collections de timbres, alors ceux d’enveloppe étaient totalement in-envisageable. Mais quel genre d’être été bien les gens qui t’avaient conçu ? Des humains abominables que tu t’empêchais d’étrangler.

Azucena. Quand tu lui parlais de ce qui se passait avec tes parents elle veillait toujours à te consoler. Elle savait te consoler comme personne, elle te comprenait, elle lisait dans ton cœur les souffrances que tu subissais, et elle faisait tout pour les assoupir. Elle était une fille admirable. Ayant d’un niveau de plus qu’elle, il était impossible de la voir pendant les pauses, au lycée. De toute manière, tu avais trop peur pour aller lui parler. Mais pourquoi donc avais-tu voulu qu’elle soit là à ton anniversaire ? Elle devait avoir tellement changé. Retrouver ton “AzuAzu♥“ était impossible. Sûrement.

Et enfoncer dans les herbes hautes de la rivière, tu observais le ciel, et tu pensais. C’était bien, que la gadoue anciennement régnante dans ses lieux se soit échappée. Le printemps serait là, dans quelque temps. Dalleurs, il ne serait pas étonnant que la présence humaine poser à quelques mètres de toi, qui ne t’avait sûrement pas vu et qui te terrifiait un peu, les ressentît, elle aussi. Tu décidas de bouger quand elle commença à chanter seulement. C’était une fille avec une jolie voix. Tu aurais pu danser sur sa mélodie, tu aurais pu … Finalement, tout ce que tu fis, c’était relever ton buste et la fixer, horrifier.

« Chère Au.

J’aimerais pouvoir dire que le temps passe vite, mais je ne peux pas te mentir, pas à toi. Il y a quelque temps déjà que j’ai décidé de négliger notre amitié mais, comme tu peux sûrement le penser, je ne l’ai pas oublié, jamais. J’ai, certes, très peu de mémoire, mais tout ce qui a un jour, beaucoup compté pour moi, tout ce qui a occupé beaucoup de place dans mon cœur, autrefois, sont inoubliables.

Mon anniversaire n’a jamais vraiment eu d’ampleur à mes yeux. Contrairement à la plupart des enfants, les cadeaux, les gâteaux et les jeux avec les copines ne m’attiraient pas, vraiment pas. Pourtant, ma mère l’a toujours sollicité, au point de m’y obliger. Aujourd’hui encore, mes vieux me pourrissent la vie. J’aimerais pouvoir leurs dires qu’ils n’ont pas à s’occuper de moi comme à mes quatre ans mais je suis tellement fatigué que je ne le peux. Ils me fatiguent. Bref … Je dois donc fêter mon anniversaire, ou fuguer, et franchement, je n’en ai aucune envie. J’ai toujours voulu fuir, mais pas cette fois.
La liste de mes amies est inexistante, et ainsi je me dis, que toi, tu pourrais venir, peut-être C’est dans quelques jours maintenant, et je suis encore toute tremblante à l’idée d’être seule à applaudir quand je soufflerai moi-même mes bougies. D’un côté, je m’en fiche mais de l’autre, je m’en fiche pas, vraiment pas.

Kobra.

PS : si tu acceptes, ce serait cool que tu me répondes par lettre, ou par SMS ou part je ne sais quoi. Et dans ce cas, pas besoin de me préparer un cadeau, je peux bien m’en passer. »

» Me sens seule D: