Un acte manqué... merci Candy [PV candy]

Samedi soir.
Normalement, Candela ne se permet pas de sortir un samedi soir, elle préfère le vendredi ou encore le jeudi, mais il se trouve que les anniversaires surprises ne peuvent pas être déplacés et que quand on participe il faut le faire jusqu’au bout. Déjà, elle avait été assez chargée pendant la journée en organisant la fichue fête pour quelqu’un qui n’est pas vraiment un ami, mais plutôt une connaissance ; de cet acte elle compte en tirer une future faveur, vu qu’elle perdait du temps presque pour rien. Ensuite, elle avait dû fouiller en profondeur son armoire pour trouver de quoi s’habiller, quelqu’un avait eu la magnifique idée de faire une soirée à thème Français. Un corset et chemise, des slims, des bottes hautes et une cape, la voilà transformée en mousquetaire… Avant de partir elle avait laissé une note sur la télé pour Gaby comme quoi elle rentrerait certainement tard ce soir. Bah ouais, Candy laisse toujours de post-it.

Habillée en mousquetaire elle quitta son appartement, sachant en avance qu’elle ne s’amusera pas, c’est clair que si on part avec cette idée on n’a pas trop envie de sortir. Mais une promesse est une promesse. A quelques mètres du club, elle s’arrêta dans une boutique et acheta un sabre, complétant ainsi son déguisement, bon ça manquait cruellement d’originalité mais on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a, et puis qui prenait vraiment au sérieux cette norme ? Pas grand monde, rien qu’en arrivant Candy remarqua au moins cinq moustaches… Ah les moustaches, tellement à la mode. Et comme prévu, elle ne s’amusa pas, heureusement qu’elle réussit à obtenir quelques verres gratuits pour elle et ses amies, ne lui demandez pas le comment elle ne le sait pas, c’est comme ça quand elle sort : on lui offre des verres alors qu’elle en boit très rarement.

Au bout d’un moment elle commença à s’ennuyer, son faux épée ne lui semblait plus drôle : elle avait tué trop de gens avec ce soir ; les conversations n’avaient plus de sens à cause de l’alcool et les hommes commençaient à jeter de regards autour d’eux tel des hyènes affamées. Regards auxquels elle répondait avec toute la froideur du monde, non ce soir personne viendrait la draguer elle n’avait vraiment aucune envie. L’idée d’abandonner l’antre la tentait, personne faisait attention à elle, ils n’allaient pas s’apercevoir que la mousquetaire brune manquait pour le dernier shoot, s’ils arrivaient à tenir jusqu’à la dernière heure. Ouais, finalement elle décampa avant que ça devienne trop sale et qu’on ne lui demande d’accompagner quelqu’un.

Candy n’avait qu’une seule pensée en tête : rentrer. Gaby n’y serait sûrement pas, le samedi c’est son jour de chasse et moins d’avoir raté sa mission il n’apparaitra que le dimanche après-midi avec un large sourire aux lèvres. Stupide Gabriel. Toujours à frimer de ses conquêtes ! C’est donc en mode stupéfait qu’elle resta plantée à l’entrée du salon, la vision que s’offrait à elle n’était pas ce qu’elle s’attendait, loin de là…. La brune ne sut pas quoi faire dans un premier temps, ses yeux allaient du t-shirt jeté par terre, à la blonde presque à poil puis à son soi-disant ami d’enfance. Elle disparait pendant quelques heures et il en profite pour violer la plus importante des règles de cohabitation établies entre eux ?! De la surprise, Candela passa à la rage. Une chose c’était ramener les filles alors qu’elle n’était pas là tout en prévenant, et une autre ça !

Mère dragon était retournée sur ses pas pour claquer violemment la porte pour se faire bien entendre, s’ils ne s’étaient pas toujours rendu compte de sa présence elle irait chercher les glaçons.

- Sérieux? Sur MON canapé?

Qui avait dit que Candela n'avait pas en fond d'elle une drama queen? Le problème c'est que habillée de la sorte on ne sait pas comment s'y prendre avec elle: elle donnait l’impression de sauter sur les deux jeunes, épée à la main.

La scène suivante fut assez drôle, Candela oublia même pour un bref seconde pourquoi elle était en colère contre son tendre colocataire cette fois-ci : ce n’est pas tous les jours qu’on voit une blonde tomber sur ses fesses parce qu’elle a trop peur d’un truc en plastique. Pauvre garce, la voilà attaqué de tous les côtés et sans t-shirt pour couvrir sa poitrine, pas hors du commun cela dit au passant. La brune la regarda tout de même inquiète, que voulez-vous elle est comme ça. La fille avait l’air d’avoir bu pas mal ce soir et sa tête ne devait pas marcher correctement. Il va falloir s’occupe d’elle, après, maintenant Candy avait d’autres chat à fouetter et le plus gros se trouvait en face d’elle. Oh, mais Gaby, n’était pas content, tant pis hein, on ne peut pas tout avoir dans cette vie.

Ailleurs ce soir ? Si, mais le soir était finit depuis un bon moment comme elle lui fit comprendre en regardant l’horloge du salon. Elle avait par habitude de rentrer presque toujours à la même heure, il aurait dû s’assurer avant c’est tout.

- 4h du mat, tu voulais que je rentre à quelle heure ? Avec le café du petit-dej ? Estime-toi heureux de me voir maintenant et non 5min plus tard…

Ces mots laissaient entendre que si Candela n’était pas arrivée maintenant et que le tableau aurait été tout un autre elle n’aurait pas eu la même réaction. Elle était gentille là.
La blonde américaine, Candy la classa automatiquement comme originaire de ce pays, voulait être à nouveau le centre d’attention en demandant sur la nouvelle venue. Qui était-elle ? La maitresse des lieux ! Celle qui dirigeait ces domaines avec main de fer ! Comment ça l’autre ne lui avait pas averti qu’il partageait l’appartement avec une fille ? Faisait-il toujours le même coup ? Au son d’adorable, Candela sourit et s’inclina, elle n’était pas habillée en chevalier du roi pour rien, d’ailleurs il fallait se montrer galant. En même temps que Gabriel tendit le t-shirt à sa propriétaire notre jeune héroïne passa sa cape sur ses épaules. Voilà, on ne pouvait pas voir un seul morceau de peau de la jeune fille.

Crever un œil ? Elle aimerait bien lui crever quelque chose d’autre et ça serait la fin de presque toutes leurs disputes de manège ! Elle le fit quand même, non sans avant lui jeter un regard noir en même temps qu’elle faisait genre de le percer avec son épée. Du plastique, certes, mais une épée.

- Et je te préviens comment, monsieur génie ? Je te rappelle que normalement tu fais pas ça, tu vas chez la fille et tu montres ta gueule le lendemain ! Tu crois que ça me plait, moi, de rentrer chez moi et tomber sur ça ? Évidement que ça ne lui plaisait pas. Elle n’était pas une voyeuse. Et me priver du plaisir te voir ce visage se crisper par la colère, parce que tu as compris, tu sais comment va se finir cette histoire…

Bien sûr qu’il le savait, maintenant que Candela s’imposait il n’y avait pas de marche en arrière. C’était soit la blonde alcoolisée soit elle, et Candela gagnait par droit. Et comme pour souligner ses pensées, elle s’installa confortablement sur le canapé. La blonde nui faisait un peu de pitié, elle ne devait pas comprendre ce que se passait devant ses yeux, pauvre enfant… Attends, quoi ? Petite amie de ce sauvage ?! Pardon ? Qu’avait-elle pris ce soir pour croire à une chose pareille ?! Non mais il pouvait mieux choisir l’autre con aussi ! Et qu’il arrête de rire de la sorte ! La brune ne comprit pas pourquoi, mais elle sentit le rouge lui monter aux joues, sans doute la rage et la colère d’être traitée de petite amie de quelqu’un comme Gabriel. Ce n’était pas la première fois, mais pas dans une situation pareil.

- Tu rigoles !? Ensembles, nous deux ? Sûrement pas ! Je suis sa coloc, une amie, rien d’autre !

Ces blondes, tu leurs donnes à boire et tu finis par tuer la seule neurone en fonctionnement.
Un verre d’eau ? oui, bonne idée. Et elle se leva en direction de la cuisine pour se servir un bon verre d’eau froide.

Dans sa cuisine Candela n’entendait plus ce que les deux tourtereaux, ou plutôt bêtes livrées à leurs plus bas instincts, disaient. Sim est-ce qu’ils parlaient et n’étaient pas retournés à leur occupation initiale. Ce qu’aurait été la goutte d’eau en trop. Candela avait de la patiente, mais elle perdait facilement les nefs quand il s’agissait de certaines choses d’ordre privé, comme dans ce cas-là. La voix de son colocataire lui parvint depuis le salon, elle ne comprit pas ce qu’il racontait mais c’était à son sujet. Donc ils ne faisaient rien de bizarre. La voilà un peu plus rassurée. Mais pourquoi elle pensait à ça elle ? Gabriel était libre d’agir à sa guise. Ouais, mais pas à la maison. Pas devant elle. Candy était trop fatiguée.

La brune était si occupée avec ses pensées meurtrières qu’elle ne remarqua pas la présence du jeune homme sur le pas de la porte, et ce ne fut qu’au mit de jalouse qu’un click se produisit dans son cerveau. Et puis quoi encore ? Avait-elle de raisons pour être jalouse de cette blonde ? Non. Toutes les filles qui défilaient chaque semaine n’étaient rien, juste un divertissement, un objet, une envie passagère. Et Candela n’en sera jamais une. Pas qu’elle se prenne pour une princesse, elle est plus du genre à être le chevalier ou encore la sorcière, c’est juste qu’elle a de principes bien solides. Et l’homme capable de les briser n’était pas encore apparu. J’ajoute que pour une raison très étrange les idées de cette femme sont répétitives…

La mousquetaire ne prêtait aucune attention à son ami, c’était fait exprès, il ne disait rien de nouveau, elle se doutait bien que l’américaine allait passer la nuit chez eux, c’était normal. Candy avait envie d’une camomille bien chaude avec une petite touche d’anis, plus important que le coup raté du pauvre sportif. Mais malheur ! La boite était vide ! Pas da camomille ! C’est avec une angoisse croissante que l’espagnol se mit à chercher dans tous les placards et tiroirs avant de se tourner vers Gabriel.

- Ma camomille ! Il n’y en a plus ! Tu l’as caché où ?! Je fais quoi maintenant ? J’ai besoin de ma camomille moi !

Son état était proche de l’hystérie, elle avait eu pas mal d’émotions fortes en très peu de temps…
Puis soudain, elle s’arrêta, à deux pas de pêter vraiment un câble. Une petite ampoule venait de s’allumer au-dessus de sa tête. Candy s’empara d’une des boites en laiton, l’ouvrit et sortit ses petits sachets d’infusions. Triomphante, souriante, le bonheur et le calme régnait à nouveau en elle. Magnanime qu’elle était aussi, elle prépara deux autres infusions pour son merveilleux ami d’enfance qu’elle adorait de tout son cœur et sa nouvelle conquête vraiment sympa. Oui, tout allait pour le mieux au monde.

- Dis, tu crois qu’elle en voudra une ? Je la fais, si elle refuse je la bois, tant pis pour elle. Et tu penses pas qu’elle a un accent bizarre ? Tu vas où les choper ces filles ?

Elle déposa les trois tasses sur un plateau, sans rien demander à Gabriel entra dans le salon où la blonde s’était carrément endormie sur le canapé. Candy clignota des yeux plusieurs fois. Elles faisaient toutes ça ?

- Non, sérieux, tu leurs donne quoi avant de les ramener ? C’est le seul moyen que tu as de draguer, les noyer dans l’alcool ?

Une idée terrible lui traversa l'esprit, et si tout d'un coup elle se mettait à vomir sur leur canapé? Ça ne serait pas simple à enlever après, cette blonde pouvait leur créer des problèmes même en dormant. Et tout ça à cause de ce fichu don juan qu'elle avait comme ami.

- Si jamais elle vomit sur le sofa c'est ta faute.

Mouais. Pas très convaincue notre jeune chevalière par la réponse de son vassal, la blonde pouvait se réveiller à tout moment et se vider de tout son être. Cependant elle hocha de la tête lorsqu’il proposa de la porter dans sa chambre pour qu’elle y passe la nuit, elle serait mieux que dans le canapé. Demain elle aura un mal de crâne horrible et ne se souviendra pas de grande chose. Et non, elle savait d’avance que Gabriel ne dormira pas avec elle, son ami était capable de beaucoup de choses mais pas de profiter d’une situation pareille. Elle le vit s’éloigner avec son fardeau et s’occuper de l’américaine avec attention, quand il voulait il pouvait se rendre utile. Pendant ces quelques minutes, Candela retira ses bottes et défit quelques nœuds du corset, ramassa ses longues cheveux en une queue et s’assit sur le sofa, utilisant la cape qui trainait par terre comme couverture. Elle n’avait pas de sommeil malgré l’activité.

- Elle dort toujours ?

Elle connaissait la réponse, sinon Gaby ne serait pas venu s’assoir à côté d’elle voir comment elle prenait les tisanes l’une derrière l’autre. Il y avait de gens qui pouvaient boire de dizaines de bières de suite, Candela c’était le thé et les infusions et puis ça l’aiderait à dormir cette nuit, enfin ce qu’il restait de la nuit. Elle ne répondit pas tout de suite, elle soufflait sur la tasse qu’elle serrait entre ses mains, de toutes les manières il devait bien s’en douter que la réponse était non. Candy ne s’amusait pas vraiment lors des soirées, vous le savez, trop inquiète elle n’arrête pas de surveiller ses amis pour que rien de mal leur arrive. Elle ne peut pas s’empêcher, elle est comme ça. Une mère poule. Et à son âge déjà ! Mais au moins elle avait bien rigolé pendant quelques moments, ce qu’équilibrait un peu sa soirée.

- Bof. Dans l’ensemble, non. C’était une soirée banale. J’ai eu de verres gratos, les gens ne tenaient plus début, je me suis fait reluquer et j’ai décampé avant que quelqu’un veuille que je le ramène chez lui. Je n’avais pas envie d’être gentille. Le seul point positif qui m’a plu finalement c’est le déguisement. J’aime me travestir. Ah, et j'ai croisé de ces yeux verts!

Combien de fois elle avait piqué les vêtements de Gabriel pour s’habiller avec, même les caleçons, elle ne les comptait plus. C’était tellement drôle se prendre pour un garçon, c’était une habitude depuis toute petite. Elle aurait dût naitre homme et les choses seraient différentes pour elle. Tiens, si au lieu d’être Candela elle était, je ne sais pas, Xavi ou Carles, elle verrait le monde de la même manière ? Ou elle se laisserait aller plus facilement ? Serait-elle plus spontanée et les gens attendraient moins d’elle ? Aurait-elle les mêmes goûts que maintenant ?

- J’aurais toujours la même fixation pour les chemises et les yeux clairs ? Serais-je charmée par l’accent british ?

La brune ne s’était pas rendu compte que cette dernière pensée elle l’avait dit à voix haute. Mince. Sa bouche n’était pas connectée à son cerveau. Grosse erreur. Pour se rattraper et ne pas donner du temps au corbeau de comprendre elle enchaina avec la question qu’il venait de lui poser.

- Je m’en souviens plus. Une connaissance, l’amie d’une amie. Tu sais qu’ils font souvent appel à moi quand ils veulent organiser quelque chose, parce que voilà si Candela ne le fait pas personne ne le fait. Je suis trop gentille.

Un faible sourire. Candela connaissait son colocataire aussi bien qu’elle-même. Toujours pareil. Il ne changera pas, et elle non plus. Aucun de deux n’avouera. Elle glissa l’une des tasses fumantes vers lui. Ne plus parler du sujet que les avait confronté quelques minutes avant c’était sa manière de dire pardon, pour lui avoir gâché la soirée. Même si au fond d’elle, elle était toute fière de sa prouesse. A quand la prochaine?

Il ne fallut plus pour que tous les sens de Candela se mettent en mode alerte. Rares étaient les fois que Gabriel s’intéressait vraiment à ce que son amie ressentait, il ne lui avait jamais demandé pourquoi elle ne sortait avec personne ou si elle était amoureuse de quelqu’un et elle lui cachait son amoureux. Bon d’accord, la brune est toujours à la défensive quand il s’agit de parler des secrets de son cœur, mais elle a ses raisons, de très bonnes raisons en plus. Gabriel a tendance à se moquer d’elle et ne pas la prendre au sérieux, elle est déjà passée par là quand ils étaient adolescents. Depuis, elle se limite aux remarques « ouais, il est beau » ou « t’as vu ses fesses ? ». Comprenez donc sa méfiance, en plus jalouse qu’elle était de sa vie privée elle n’allait pas lâcher le morceau aussi facilement. Pourquoi ne pas essayer une autre technique que tout lui avouer d’un coup ? Allez, jouons juste un peu.

- Hehehe. Qui dit que c’est un Don Juan et pas une Hélène de Troie ? dit-elle avec un sourire malicieux au coin. Une belle rousse aux yeux verts !

Elle n’avait jamais masqué son attirance pour certaines femmes, mais elle en parlait mois. Candela est du genre à accepter les sentiments sans se poser de questions et moins quand il s’agit de la Beauté. Elle est déjà tombée sous le charme d’une femme, à plusieurs reprises cela dit, sans jamais l’avouer ou faire que ce soit, parce que bien sûr ça reste du platonique. Par contre elle était certaine que son ami n’était pas au courant de ce détail et cela l’amusait, lui qui croyait sans doute tout savoir sur elle le voilà un peu déstabilisé. Il ne pouvait pas s’imaginer l’étendue de son ignorance. Ni elle d’ailleurs, Candela n’est pas omnisciente même si elle fait genre.

Cependant, elle qui voulait se la jouer énigmatique elle ne le pouvait pas, c’était plus fort qu’elle, ça risquait de sortir tout seul ! Tant pis pour la stratégie de diversion ! Candy posa sa tasse sur le tableau, elle se connaissait, évitons de reverser l’infusion sur le canapé, s’assit sur ses genoux et fixa avec détermination son colocataire. Soupir. Le calme avant la tempête. En à peine quelques secondes une foule d’idées, d’envies, de sentiments se mélangèrent dans son cerveau. Il fallait en retenir qu’un : comment l’avouer ? Merde. Ce n’était jamais. C’était sa première fois. Putain. Par où elle commençait ? Comment le dire ? Que faire ? On pouvait lire son dilemme sur son visage. Zut à la fin !

- Je sais pas !

Explosion. L’espagnole ne mentait pas. Elle ignorait simplement le nom du propriétaire de ces magnifiques yeux verts qu’elle avait croisé. C’était un homme, elle en était sûr grâce au merveilleux accent anglais qui l’avait charmé. Mais son prince ne s’était pas présenté, il n’avait pas dit son nom. Ce que plongeait la brune dans un abîme profondément douloureux, notez l’hyperbole.

- Et je veux le revoir ! Putain, quels yeux ! J’en deviens folle à cause de lui ! Il est apparu comme ça, chemise, cravate et ces deux émeraudes, il m’était impossible de voir autre chose que ses yeux. Je fais quoi? J'en ai besoin!

Elle avait pris les mains de Gabriel entre les siennes et le regardait comme s'il avait la solution à son problème. Peut-être qu'il ne connaissait.... Un anglais de son âge, ça ne court pas tous les jours dans les rues de Rioler. Dans ses yeux on pouvait parfaitement lire l'espoir, l'envie, le besoin, ils imploraient à l'aide. Candela risquait de ne pas retrouver le calme toute de suite, quand elle avait un crush comme celui-ci, un coup de cœur si ardent pour le partageait avec quelqu'un, il ne partait pas du jour au lendemain. Personne n'est au courant, mais il lui arrive, à elle, dragon au cœur de glace, de laisser son volcan intérieur prendre le dessus de son âme. Elle tremblait d'excitation. Juste à cause de ces fameux yeux.

Gabriel avait lâché ses mains, ou plutôt il avait fui le contact avec comme si elles brûlaient. Sûrement, Candela s’approchait plus à un état fiévreux qu’autre chose, un prêtre aurait déjà entamée un exorcisme rien qu’en la voyant. Radical ? Pour ceux que ne la connaissent pas, oui. Donnez-lui un peu de temps pour qu’elle reprenne ses esprits et se rende compte qu’elle ne pouvait pas avoir l’air plus con, et son ami avait raison de lui dire. Chaque affirmation provenant du jeune homme était un poignard perforant sa poitrine, une réalité qu’elle ne voulait pas accepter malgré son bon sens. Et ces yeux qui imploraient comme si allaient mourir refusèrent de voir ses égaux de peur de trouver la vérité en eux. Candela s’éloigna de Gabriel.

- Désolée de ne pas être comme toi, mes couilles ne sont pas aussi grosses que les tiennes et mes jambes tremblent rien qu’avec un simple frôlement.

Mais que pouvait-il comprendre lui aux coups de foudre ? Lui qui se tapait une fille différente chaque soir depuis qu’il avait découvert qu’elles craquaient toutes pour lui. Lui qui ne faisait jamais attention aux sentiments d’autrui. Lui qui ne pense qu’au sport de chambre. Lui qui… qui était toujours là pour elle. Ça ne servait à rien s’énerver contre lui juste pour histoire qu’elle avait commencé, même si c’était lui qui avait posé la question qu’il ne fallait pas. En plus il était sincère, il avait toutes les raisons au monde de dire qu’elle ne le reverrait plus jamais et qu’elle avait raté sa chance. Mais que voulez-vous, Candela est en vérité une vraie timide, et ce n’est pas son genre sauter sur un gars qu’elle a à peine croisé. Elle était une défenseuse de la vertu. Il n’y avait plus rien à ajouter.

- Même les filles comme moi, qui passent leur temps à clamer la force de l’indifférence et les principes solides, peuvent échouer dans leur mission. Je suis un cas bien triste, n’est-ce pas gigolo ?

On pouvait dire qu’elle était retournée à son état initial, mais à son intérieur le feu brûlait toujours prêt s’emparer de son âme à nouveau. Candela avait honte d’elle-même. Comprenez qu’elle s’attaque toujours à ses amies quand celles-ci se lancent sans rien dire vers un inconnu, qu’elle fait la morale tous les jours à son colocataire pour son comportement insouciant. Candela est un dilemme aboulant. Elle s’en voulait terriblement d’avoir laissé échapper l’anglais, qui sait, peut-être elle n’en serait pas là en ces moments et Gabriel aurait eu aussi droit à son moment horizontal. Ce n'est pas comme si elle ne savait pas aborder quelqu’un, elle avait de la pratique mine de rien. Rouillée, certes, depuis le temps où elle ne s’exerce plus sa dernière relation datant de quelques années, mais elle a quand même de l’expérience dans le domaine. Ça oui, elle ne pourra jamais rivaliser avec le jeune homme aux yeux bleus qui se trouvait à côté d’elle et qui avait l’air tout bizarre cela dit.

- Et si tu m’enseignais ? Hein ? Pour que la prochaine fois je le fasse comme il faut, ça t’éviterait de passer encore une fois par ça.

Mais qu’est-ce qu’elle racontait encore notre pauvre Candy ? Qu'il lui enseigne quoi? Draguer? Alors qu'elle avait juste à se lâcher un peu, faire la pouffe et permettre aux garçons de l'aborder, ou encore porter une jupe de temps en temps. Et là? La brune devait tout simplement arrêter de s'inquiéter pour tout, ce qui était impossible on le sait tous, et puis son cerveau lui disait que peut-être l'anglais n'aimait pas les filles faciles, ce qui serait parfait en fait! Car plus compliqué que notre tendre Candela il n'y a pas.

- Ça serait génial, non? Que pour une fois je rentre pas la nuit tombée et que ce soit moi qui amène les churros le matin suivant.

Un inversement des rôles.

Pourquoi à certains moments elle ne mesurait pas ses mots? Elle si sérieuse et pleine de logique, pourquoi elle ne se rendit pas compte que ce qu'elle venait de dire allait provoquer une réaction chez son ami qu'en temps normal elle aurait tout fait pour éviter. Décidément, c'était sans doute la fatigue, à partir d'une certaine heure notre brune ne contrôle pas vraiment sa bouche, elle peut dire n'importe quoi sur n'importe quel sujet et que ça n'ait pas de sens. Normalement elle comprend que ses dires ne veulent rien dire, et tente de s'expliquer, mais là? A peine si elle était consciente d'avoir Gaby si près d'elle. Ce n'est qu'en voyant le bras à la couleur plus foncée que sa peau sur son épaule qu'elle leva les yeux vers le garçon. Il foutait quoi là si si si près? Elle allait répliquer quelque chose, ôter ce bras, bouger, mais elle resta paralysée sur place. Gabriel faisait ça souvent, c'était son geste à lui pour la réconforter, et toujours Candela secouait ses épaules pour s'en débarrasser, après il pouvait continuer avec le jeu ou s'en aller tout fier d'avoir remplit son rôle de meilleur ami d'enfance. Par contre, rares étaient les fois où il poussait le bouchon plus loin. De là à que l'espagnole soit prise par surprise.

Il existe plusieurs genre de personnes, il y en a qui ne sont pas sensibles et d'autres qui sautent au moindre contact physique, vous vous en doutez Candela fait partie de ces derniers. C'était presque si elle ne s'était pas accrochée avec force à la lampe du plafond dans son élan, d'ailleurs Gabriel s'était retrouvé propulsé dans l'autre côté du canapé. Effet très marquant, voire fort et peu croyable, mais il ne faut pas oublier que Candela n'est pas précisément un poids plume. Ce contact avait mis son cœur à battre à toute vitesse, se serrant la poitrine comme si le muscle risquait de s'échapper de sa cage. Il l'avait touché. Il avait caressé son cou, son si précieux cou! Et sans son accord. Hah, il était allée trop loin cette fois-ci!

- Déjà, avoir cette voix, tu crois que c'est possible?

Oh, si, c'était possible, c'était même facile. Gabriel avait pris le même ton que lorsqu'il se voulait charmeur, quand il se mettait en valeur auprès de la gente féminine, la voix qu'il utilisait pour séduire. Mais cela n'avait aucun effet sur Candela, elle le connaissait que trop bien. C'est autre chose qu'elle souhaitait apprendre, comment allait-il se prendre pour enlever les futures merveilleuses marques rouges allaient apparaitre sur son visage en quelques secondes. Vous jouez au Tekken? Connaissez-vous le personnage d'Anna Williams? Son spécialité c'est l'assassinat, et les gifles doubles, tiens Candela en est une pro aussi dans ce domaine, ce n'est pas pour rien qu'elle imitait les personnages étant petite.

PAF. SBAF. SBLASH. !!!! Utilisez l'expression qui mieux vous convient pour l'occasion, le résultat sera le même: deux baffes bien mises sur chaque joue du Don Juan. Deux baffes qu'il avait prévu, peut-être, mais qu'il n'avait pas vu venir, du moins la deuxième avec le revers de la main. Qu'il était beau comme ça le footballeur!

- Et puis quoi encore?! Tu comptais faire quoi après? descendre tout le long du dos, hein? Refais encore une fois ça et tu te retrouveras sans descendance!

Ce n'était pas de mots en l'air. Candela se leva d'un bond du canapé, pris sa camomille oubliée sur la table et claque la porte du salon puis celle de sa chambre. Heureusement que les voisins étaient habitués maintenant aux claquements de porte si répétitifs.