Ça fait paf-pouf-pouf des galipettes [Dolores]

Ah mais quelle merde tu faisais là ! On t'avait prévenue de ne pas sortir par un temps pareil et ce, même si c'était le seul jour qui t'étais accordée pour sortir de ce fichu pensionnat. Enfin bon, mademoiselle a voulu ignoré les pions qui devaient bien rire d'elle, à présent. Pourtant, tu n'étais pas dans ton lit à recracher tes poumons mais bel et bien debout, en face de ta fenêtre bien ouverte, à admirer les flocons de neige tomber. Tu t'en voulus de rester scruter cette douce matière semblable à de la chantilly pendant que d'autre jouait dedans... Mais la température extérieure t'interdisait de faire un pas en dehors de ton foyer. Évidemment, -13°C, ce n'était pas rien et tu ne pouvais nier cela. Pourtant... Toute cette neige, on aurait dit qu'elle t'appelait ! Ç'en était presque frustrant. Oui, presque. En effet, tu étais folle, tu le savais. Cependant, la folie n'avait pas encore eu raison de toi. Enfin, c'était ce que tu croyais : tu te surpris à enfiler ton manteau, tes bottes, ton écharpe et un bonnet. Ton acte, aussi irréfléchie qu'il soit, était bien la première chose que tu souhaitais concrétiser en cet instant même. Eh puis, au diable les docteurs et les médicaments tous plus ignobles les uns que les autres. Tu avais encore une jeunesse et n'allais pas rester enfermée chez toi à croupir dans ton lit, te morfondant en réclamant qu'on te donne des vivres ! Eh puis quoi encore ? Tu n'admettrais jamais de finir comme tes vieux. 

Au final, la volonté l'emporta sur l'instinct de survie et ce ne fut qu'après avoir foulé cette matière liquide et froide que tu souriais enfin. Tes pas t'avaient conduise dans ce bus qui lui, t'emporta ailleurs, loin de ta maison, loin de ta routine et du nid que tu t'étais construite. Quelques enfants te percutaient en voulant jouer mais de trop bonne humeur, tu ne leur lançais qu'un regard noir en te dirigeant vers ce qui te semblait être une station de ski. Le sport idéal pour ce jour enneigé ! Malheureusement, beaucoup d'habitants avaient eu la même idée que toi et tu en fus presque déçue de voir autant de personnes sur les pistes montagneux. Enfin bon, équipement acheté, carres chaussées et bâtons louées ; tu ne pouvais plus faire marche arrière. Seulement, tu ne te dirigeais sans doute pas vers les tires-fesses et ni des télésièges. Tu décidais de monter à pieds pour t'isoler quelque part, dans un endroit plus calme et sûr. Enfin, essayer ! À ta surprise, la route fut rude. Tu ne t'imaginais pas que marcher dans la neige allait être un effort miraculeux pour ne pas tomber la tête la première contre le sol. Les chutes n'allaient pas être aussi douloureuses qu'un choc sur le bitume mais le froid mordant n'arrangeait en rien tes piètres mouvements. Et puis, ces lunettes étaient d'un tel ennui ! Il y avait de la buée partout. Tu jurais entre tes dents que le vendeur qui t'avait assurée de leur qualité allait le payer, tôt ou tard. Ah, vraiment, le personnel était si lamentable de nos jours ! Ce fut sur cette dernière réplique que tu t'arrêtais enfin, reprenant ta respiration en fermant les yeux. 
Tu regardais les environs, personne à l'horizon. Alors, comme si c'était une bénédiction, tu t'écroulais en t'enfonçant dans la neige, ne cessant de rire sans retenue. Ah, que c'était bon, le vrai air. La neige te rendait mystérieusement euphorique ; presque enfantin, comme si tu avais su reconquérir ton innocence datant. D'ailleurs, tes éclats de rires ne tardèrent pas à se profaner dans l'écho des montagnes. Tu fixais d'un regard malicieux cet endroit, les prunelles de tes yeux regardant avec idolâtrie cette blancheur immaculée. Enlevant tes skis, tu retombas au sol, écartant tes bras en toussotant légèrement. Pfou, hors de question que ce rhume ne vienne gâcher ce moment si prestigieux. Enfin, ce que tu ne savais guère encore, c'était que ce calme que tu chérissais tant n'allait pas être interrompu par tes toux mais bel et bien par une boule de neige dégringolant à toute vitesse sur toi. 
Des cris se firent entendre mais tu n'eus pas le temps de bouger. L'inévitable se produit : tu écarquillais les yeux, ne prononçant qu'un faible son. 

« Qu'est-ce que c'est que ce bordel... ? »

Et avant même que tu ne puisses répondre toi-même à cette question, tu te retrouvais déjà en bas de la piste, ayant à ton tour dévalé la pente aussi gracieusement qu'un buffle handicapé. Effectivement, on ne pouvait pas dire que ta chute fut élégante, même glorieuse ; tu ne préférais même pas savoir s'il y avait eu un quelconque témoin. Et puis, qu'est-ce que ça faisait un mal de chien ! Tu fermais les yeux en fronçant les sourcils, te faisant forte pour ne pas avoir les yeux trop larmoyant et ce, malgré les bleus naissant te faisant douloureusement mal. Ne disant ni ne bougeant, tu essayais en vain de te redresser. S'empiffrer de neige n'était pas une sensation des plus agréables, pouvait-on dire, surtout pour garder la forme. D'ailleurs, il eut comme un léger silence, un instant de flottement, avant que tu ne recouvres ton esprit. Tu éternuais alors, frissonnant au contact glacé du sol neigeux. Tu regardais partout autour de toi, les sourcils froncés et les yeux prêts à fusiller la chose qui t'avait faite mordre la neige. Tâtant le sol, furieuse, tu touchais d'abord une chose toute chaude avant d'en sortir une bouille fraîchement déterrée. Oh. Mon. Dieu. Se foutait-on au moins de toi ? Arquant un sourcil, tu soupirais puis, les gestes nonchalants démontrant que tu étais lassée, tu te levais en réajustant ton écharpe. Et ce, sans même te soucier de la frêle jeune fille que tu avais laissé comme une moins que rien dans la boue humide et blanche de ces lieux. Une œillade, un simple regard, suffit à confirmer tes songes : c'était bel et bien une demoiselle. L'âge ? Tu ne savais pas et t'en fichais éperdument. Ton ire triomphant de ta raison, tu la fusillais durement, lui assénant tes foudres qui dansaient dangereusement tout autour de toi. 

« Alors là, t'es vraiment une merde. Pour savoir, y'a un truc qui débloque chez toi ou t'es juste légèrement autiste ? » poursuivant, ta voix finit par faire un jolie crescendo,
« Oublies, je ne veux même pas t'entendre. » 

Tu arrêtais de la toiser hostilement, mettant ta considération au alentour uniquement. Tu avais peut-être été dure, mais là, le temps n'était plus au regret. Enfin... Tu espérais seulement que l'adolescente savait contenir son sang-froid et éviter de sangloter. Ton but n'était pas de voir ses larmes. 

HRP: